To be or not to be ?"
That is the question !


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Gaura Krishna

paru dans RAMA NAMA en déc. 1999
et dans SUNDAY VANI - Mauritius - en déc. 1999)

- Sanjiv : Krishnaji, avec ce numéro, RAMA NAMA fête ses 6 années d'existence. Voilà par ailleurs trois ans maintenant que vous êtes arrivé à Maurice. Vous allez ce mois-ci comme chaque année partir aux pieds sacrés de Sri Yogi Ramsuratkumar qui vous a placé ici. Quel point faites-vous après trois ans de présence parmi nous, et que répondez-vous à ceux qui disent entre eux : "Que croit-il donc nous apprendre sur notre religion,
à nous hindous ?"

- Krishna : Lorsque RAMA NAMA est né en décembre 1993, ce n'était qu'une feuille A4 recto verso et ses lecteurs se comptaient sur les doigts d'une seule main... 6 ans après, il a évolué mais il ne faut pas croire que ses lecteurs soient fort nombreux. Il faut se rappeler la parole de Swami Vivekanana : "Sur un million de personnes, une seule va être intéressée par la spiritualité, sur un million de personnes intéressées par la spiritualité, une seule va véritablement entrer en recherche, sur un million, etc...". N'est-il pas normal que RAMA NAMA ait peu de lecteurs quand son objet est le Vedanta le plus pur ? Alors, effectivement, je n'ai strictement rien à apprendre aux hindous sur ce qu'il leur plait d'appeler 'leur' religion, si l'on entend par là l'hindouisme en tant qu'ensemble de rites et rituels extérieurs, vêtements qui n'ont plus que très peu à voir avec l'essence de l'hindouisme qui est le sanatana dharma, la Loi universelle, qui est au-delà de toute religion et de toute communauté.

Il n'y a donc pas à chercher à leur répondre. La réponse leur sera apportée en eux-mêmes en temps utile. Chacun est sur la route et ces personnes, dans cette vie ou une autre, sortiront de leur chrysalide. En 1971, lors d'une sadhana particulière, un sage m'a dit : "Dieu Lui-même ne peut rien pour celui qui ne veut pas". Vous allez me dire : "oui, mais çà c'est évident, pas la peine qu'un sage le dise". Détrompez-vous. Ce que ne nous voyons pas, c'est justement l'évidence ! Et cette réponse est justement celle de ceux "qui ne veulent pas". Au lieu d'écouter l'autre, ils réfutent d'entrée de jeu.

La religion, la voie spirituelle, consiste à éliminer l'ego, le petit je. Tout le reste n'est que littérature. Une des premières choses est donc l'écoute de l'autre. Le refus d'écouter l'autre a priori est la preuve même d'un non engagement sur la voie spirituelle et d'une maturité insuffisante pour cela. La jalousie est un défaut inhérent à l'être humain. La jalousie, c'est l'ego qui est heurté. Dire : "que peut-il nous apporter à nous hindous sur notre religion", c'est avoir le bandeau de l'ego collectif d'une communauté particulière sur les yeux. C'est en fait une sorte de racisme. La parole du sage que j'ai mentionnée est connue, elle forme le proverbe qui fait partie de la sagesse des nations : "Il n'est pire aveugle que celui qui ne veut pas voir, pire sourd que celui qui ne veut pas entendre." Il est donc tout à fait inutile de répondre à ces personnes puisque de toute façon elles n'écouteraient pas.

Par ailleurs, il n'y a pas de 'je' qui se prenne pour un enseignant pour d'autres 'je'. Mon maître Yogi Ramsuratkumar a un jour coupé immédiatement la parole à un politicien indien qui le questionnait à mon petit sujet, en disant : "Krishna n'appartient à aucun pays. Krishna appartient à mon Père. Krishna fait le travail de mon Père." Il importe donc très peu que des personnes ici ou là me jugent en tant qu'individu, cela n'a aucune importance puisque cet individu en lui-même n'en a aucune. Ce qui compte, c'est le Père, voir le Père à travers. L'immense majorité ne le peut pas. Croire que c'est ce 'je' qui a décidé de venir à l'Ile Maurice est une simple illusion. Krishna en tant qu'individu n'a rien à voir là-dedans, il n'a aucune importance et est équivalent à zéro.

Vous savez, il faut sortir de son petit 'soi'. A Maurice, beaucoup de gens ne sont jamais sortis de leur île. De plus ils vivent encircuit fermé. Il y a leur famille, leur communauté particulière et point final. Ils ressentent la moindre chose extérieure comme une agression. Certainement cela accentue l'étroitesse d'esprit. J'ai été 'foudroyé' par l'étroitesse d'esprit qui règne à Maurice. Mais elle n'est due qu'à une absence de contact avec l'autre, et elle est la même que celle qui existait en Europe dans les années 50 et antérieures lorsque les moyens de communication et de transport étaient encore dans leur première évolution. Comment voulez-vous donc apprendre quelque chose avec l'esprit borné ? Et il se passe le phénomène corrélatif suivant : lorsque vous faites une remarque tout à fait objective sur un objet donné, on pense que vous réagissez par rapport à vous-mêmes ! Ces mêmes personnes qui disent "que croit-il nous apprendre, à nous hindous, sur notre religion" chantent pourtant "sarva Bhavantu sukhinam" : "nous sommes tous une seule famille", mais ils restreignent cette famille à leur communauté, sans voir qu'il s'agit de l'univers entier et que cela signifie, comme le dit Yogiji, qu' "il n'y a aucune séparation, aucune division", que tout est un.

Et même s'ils ne voient que leur communauté, la question est celle-ci : qu'ont-ils donc fait pour cette communauté hindoue , autre que sur le plan économique ? Pour l'éclairer, pour enseigner et transmettre à la jeunesse qui est le monde de demain le véritable hindouisme ? Rien. Regardez donc l'état de la jeunesse ! Nous ne trouvons que superstition, croyance aveugle, recours à la magie, peur et faiblesse. Et des prêtres qui, au lieu d'expliquer l'hindouisme, laissent les gens dans leur ignorance, s'ils ne la renforcent pas, pour des raisons de pouvoir et d'argent, comme il en a été de tout temps car, voyez-vous, il n'y a rien de nouveau sous le soleil. Parmi les hindous mauriciens, qui connaît le nom de Shankaracharya ? De Vivekananda ? Allez, peut-être ceux qui au collège prennent des 'cours d'Hindouisme'. N'est-ce pas une honte ? Voyez-vous, ce sont ces mêmes gens qui laissent leurs frères dans l'ignorance et qui acceptent cet état de choses qui viennent dire : "que croit-il nous apprendre à nous, sur l'hindouisme ?". Les purusharthas sont, dans l'ordre : Dharma, Artha, Kama, Moksha. Cet ordre est important : artha et kama sont soumis à Dharma pour atteindre Moksha. Les deux plus importants, qui forment début et fin, sont Dharma et Moksha. Les deux autres sont le domaine matériel, reconnu comme réalité. Cela veut dire que l'on peut jouir du domaine matériel et des plaisirs, mais dans les limites du dharma et avec moksha en vue. Mais de nos jours, c'est l'inverse, les seuls objectifs sont artha et kama tandis que dharma et moksha sont balancés aux orties.

Il y a tout à balayer, et tout réapprendre. Car la majorité ne sait plus rien, ne comprend plus rien. Et ils s'étonnent après qu'une secte comme Salut et Guérison vienne leur prendre des 'ouailles', rouspétant contre, sans voir qu'en réalité tout est de leur faute. Mon Maître Yogi Ramsuratkumar a bien dit : "nous allons tous devenir chrétiens et ils vont tous devenir hindous". Il n'est rien de plus facile que de convertir un jeune hindou, car ses croyances ne reposent plus sur rien, il est très aisé de démolir ce qui n'est que superstition. Voyez-vous les jeunes musulmans ont les madrassas, les jeunes catholiques le cathéchisme. Comme l'hindouisme est en essence la religion de la nature, qu'apprend-on aux jeunes hindous ? RIEN, strictement rien, qu'à casser des noix de coco comme des singes et à créer une association pour obtenir des subsides. Pour le reste kuch nahi.

Tout est devenu ritualisme sec, sans aucune compréhension des symboles. Les gens prennent ce qui est symbole pour une réalité ! Ils croient réellement à l'existence d'un dieu à tête d'éléphant. Dans ces conditions, n'importe qui peut les convertir ! Cette croyance aveugle se révèle aussi dans le fait suivant : on dit pourtant que l'habit ne fait pas le moine, mais il suffit qu'un personnage quelconque vienne de l'Inde, revêtu d'une robe de swami, pour que tout le monde vienne lui toucher les pieds et l'écouter en pensant qu'ils vont être le réceptable d'une révélation divine. Si ce stupide Krishna voulait, de manière égoiste, être écouté, il lui suffirait de revêtir une robe ocre et de prendre au-dehors des airs de personnage très intériorisé. Bref de jouer un jeu, de mentir. Eh bien non. Le Krishna qui a donné au monde la Bhagavad Gita jouait avec ses camarades et n'était en apparence aucunement différent d'eux, il les entraînait pour voler le beurre et le lait, il était comme eux, avec eux, parmi eux. Alors pour ce Krishna là qui n'est qu'une poussière, vous pensez ! Pardonnez-moi, mais comme le disait ma grand'mère en termes imagés mais non moins rudes : 'il ne faut pas pèt... pas plus haut qu'on a le c...'.

Les hindous mauriciens prônent l'unité, 'sarva bhavantu sukhinah'. Ils créent des associations pour l'unité hindoue, et ces associations pour l'unité luttent les unes contre les autres. C'est quelque part hilarant. Et ce au lieu de se regrouper sous la bannière du Vishva Hindu Parishad qui est l'organisation internationale connue et reconnue dans le monde entier ! L'union fait la force mais l'hindou mauricien, qui doit la prôner, la démolit dans la pratique en divisant tout. Et ceci est spécifique à Maurice et à l'esprit étroit qui y règne. Tant d'hindous ont oublié toute leur religion. Ils se tournent même vers l'extérieur, vers des 'nouveautés' style New Age où une chose particulière est montée en tête d'épingle. Cela permet à des gens de s'ériger en maîtres ou mètres cinquante. Pourtant tous ces sujets particuliers sont des enseignements hindous remis à une nouvelle sauce. Pas plus tard qu'avant-hier on passait à la télévision un occidental qui croyait avoir découvert les vertus de la respiration ! Nous avions droit à un exposé que peut-être il pensait faire copyrighter... Voyez les techniques de pranayama, elles sont mille fois plus élaborées et claires. Prenez Méditation Transcendentale, Rebirth, Reiki, Sophrologie, Holistique et j'en passe, c'est tout un catalogue, même chose ! Tout est dans les écritures hindoues, et en bien plus élaboré et plus clair. La question est : pourquoi donc aller voir ailleurs pour avoir nettement moins bon ? La réponse est toujours la même : nous avons tout en nous, pourtant c'est à l'extérieur que nous cherchons !

A ce sujet, il y a un autre adage dit : "Nuln'est prophète en son pays". C'est une loi de la psychologie humaine, complétée par cette autre : "Tout nouveau, tout beau". Ce qui est nouveau attire, et cette attirance diminue avec le temps. L'objet du désir, lorsqu'il est obtenu, éteint le désir que l'on avait pour lui. Au début on vous écoute, on vous voit comme un instructeur puis, lorsque l'on vous fréquente, vous devenez un ami et l'instructeur disparaît. On se dit : "ben, il est comme nous, il n'est pas différent,et puis il a tel et tel défaut", et on ne l'écoute plus. Faites venir quelqu'un d'autre et de nouveau on va prendre cet autre pour un instructeur et vous serez totalement estompé. Et cela, peu importe. L'essentiel, toujours, est : 'le Père derrière', que le travail du 'Père' soit fait.

Ce stupide Krishna n'est pas là pour les ignorants aigris à l'esprit étroit. Ce qu'il a à donner est ce qu'en lui il a reçu et qui ne lui appartient pas mais appartient à tous : la vision la plus universelle du Vedanta qui, pour ne rien vous cacher, a été perdue même en Inde par les 'doctes' qui voient le Sanatana Dharma comme un recueil de règles et de préceptes moraux. C'en est misère ! Il peut sembler particulier de devoir faire entendre la notion la plus vaste et la plus universelle dans le pays au mental le plus étriqué ! Mais voyez-vous, ce merveilleux petit pays est un point de rencontre de toutes les civilisations, de toutes les cultures ! N'est-ce justement pas là que l'universalité doit se répandre ? Non, ce stupide Krishna n'est pas là pour changer le mental des 'bons hindous à sa Mémère', Il est là pour les jeunes, pour ceux qui vont former le monde de demain, pour ceux chez qui shakti va poindre, pour ceux qui peuvent changer le monde. Pour cela, il faut préparer ceux qui en ont soif, leur donner l'éveil et leur apportant une connaissance et non un rabâchage de superstitions stupides. C'est à eux que l'on doit donner cette vision perdue depuis des lustres, cette vision qui était pourtant celle qu'exposaient Swami Rama Tirtha, Swami Vivekananda pour ne citer qu'eux. A un jeune hindou, faites-lui comprendre sa religion. A un jeune chrétien, faites-lui comprendre sa propre religion. C'est la même ! Mettez-vous à la place des jeunes. La télévision occupe une place importante dans nos sociétés modernes. Lorsqu'il y a une émission sur l'hindouisme, ou bien vous voyez un rituel auquel personne ne comprend plus rien et qui n'apporte que de belles images et un superbe decorum, ou bien vous avez sous les yeux ce qu'on appelle "un vieux roudoudou enturbanné" qui est assis devant un 'OM" et sur lequel on fait un gros plan, et qui débite d'une voix monocorde et morbide des choses dont tout le monde se balance. Et bien les jeunes désertent et se fichent de la religion. Les jeunes préfèrent les matchs de foot et ils ont bien raison. Et Vivekananda lui-même disait qu'il vaut mieux qu'ils aillent jouer au foot, que cela sera pour eux plus formateur.

Voyez-vous, on m'a demandé l'année dernière d'aller parler sur l'hindouisme à des élèves d'un grand collège de Port-Louis. Dans la salle, je ne le savais pas, il y avait une majorité d'hindous, mais il y avait aussi de jeunes musulmans et de jeunes chrétiens. J'ai demandé avec humour pourquoi ils cassaient des noix de coco. Aucun d'entre eux n'a su répondre. Je leur ai donc expliqué toute la symbolique de ce rite, puis celle de Parvati et de Ganesh. Je vais vous dire, c'était comme si une soudaine lumière leur tombait dessus ! Ils étaient enthousiasmés et voulaient absolument une nouvelle visite pour continuer à leur expliquer ce véritable hindouisme qu'ils découvraient soudainement. Voyez-vous, lorsque nous répondons à la soif subconsciente de nos frères et soeurs, nous faisons oeuvre utile pour le monde. Ces jeunes hindous s'entendaient dire : "Peuh ! Votre religion est débile, c'est une religion de primitifs. Voyez ce que la science vous enseigne à l'école, çà balaye toutes vos croyances idiotes !" Ils sont de ce fait perdus et en conflit intérieur. Et voilà que vous venez leur expliquer que ce qu'ils croient être réalité concrète est en vérité un symbole d'une haute et puissante vérité. Vous leur expliquez le symbole et voilà qu'ils découvrent soudainement que ce symbole est de la plus haute science et que la science actuelle ne fait que répéter à un niveau inférieur sa signification ! Alors vous leur apportez de la lumière, non seulement ils découvrent la signification du symbole mais ce faisant ils découvrent ce qui est derrière; au lieu d'être mal dans leur peau, leurs coeurs s'éclaircissent soudain, au lieu d'être timorés ils deviennent fiers, la force vient en eux, aucune conversion limitante ne devient possible, et ils comprennent plus encore, ils comprennent que l'hindouisme n'est pas une religion à part, étriquée, mais qu'elle est la Religion, Universelle, au-delà du temps et de l'espace, qu'elle n'a été fondée par personne mais qu'elle existait avant l'apparition de l'univers. Alors point en eux la graine qui peut transformer le monde, et c'est aussi une graine d'amour envers les autres communautés.

Tout se fait en temps utile, tout suit le dessein divin. Comme l'explique très bien Ajayji, les hindous qui sont arrivés de Bharat à Maurice étaient des coolies, sans instruction particulière. On ne peut donc demander à leurs descendants de tout connaître. C'étaient souvent des gens qui avaient une foi aveugle et qui croyaient aux superstitions dont ils avaient hérité. Ces personnes qui venaient pour un eldorado ont trouvé l'enfer. Ces gens sont venus avec le Ramayana. Le Ramayana les a soutenus, leur a donné la force de tout supporter, de supporter la misère, la souffrance, l'esclavage. Ce sont ces personnes qui ont bâti Maurice et qui sont maintenant totalement oubliées. C'est pourtant une chose qu'il ne faut pas oublier, qu'il est du premier devoir de ne pas oublier. L'abnégation, la force ne les a jamais quitté, leur foi jamais n'a flanché. Puis Maurice a découvert ce qu'il est de bon ton d'appeler le 'progrès', en fait la course au matériel. Et la génération actuelle ainsi que la jeune génération a tout oublié, tout, tout balayé. La seule chose valable est devenu la course à l'argent, en écrasant tout le reste. Dans le véritable hindouisme, il y a pourtant le culte que l'on doit rendre aux ancêtres. On peut se rendre compte actuellement de son importance ! La différence entre les grands parents actuels et leurs petits enfants, c'est un gouffre. La majorité des jeunes n'a plus aucune conscience de ce qu'ont souffert leurs ancêtres, et ce n'est pas de leur faute, mais de celle de ceux qui ne leur enseignent rien. Si ces ancêtres n'étaient pas instruits, ce qu'ils ont fait pour Maurice et leurs descendants est immense à tous les points de vue. L'instruction ne peut venir qu'après le pain et le toit. Par leur sacrifice d'eux-mêmes, ils ont donné pain et toit aux générations actuelles.

Alors il ne faut en vouloir à personne, sinon aux soi-disant pandits et à ceux qui posent la question que vous avez répétée, d'entendre actuellement la Gayatri mantra chantée partout à Maurice : "Bhargo devashya" en appuyant bien sur le 'shya'. Même les pandits chantent 'devashya'. Un mantra ! La Gayatri mantra ! 'Devashya' ne veut strictement rien dire. Il faut dire 'devasya', qui est le génitif de deva. Cet exemple est tout à fait significatif et symbolise tout le reste. Alors, que les sacrifices des ancêtres des hindous mauriciens n'aient pas été vains, que jamais ils ne soient oubliés, qu'ils soient le rocher immuable sur lequel, après le domaine physique, le domaine subtil du mental et de la buddhi puisse être érigé. Et le temps est venu.

Que fais-je ? Mais rien, je n'enseigne rien, encore une fois l'individu n'a strictement aucune importance, je répète Swami Vivekananda, Swami Rama Tirtha, les Upanishads, les grands enseignements universels. L'hindouisme est sanatana dharma, pas religion particulière qui ne compte pas. Hindouiser les hindous, c'est la première des choses à faire, c'est l'un des buts majeurs du Vishva Hindu Parishad, d'ailleurs ! Mais attention, pas de prosélytisme. D'autant que le Sanatana Dharma est pour tous, au-delà de toutes les communautés.

Le monde change, on peut râler, la morale tombe, mais des choses se passent. Le monde est devenu un village. On est obligé de l'accepter. Certes il n'y a plus de morale, le laid est appelé beau, tout est retourné, c'est le Kali Yuga, mais ce qu'il faut voir et ce à quoi il faut participer, c'est aux choses magnifiques qui prennent corps. Le monde devient village, et chacun est appelé à rencontrer l'autre, qu'il le veuille ou non, et donc à le comprendre. Aussi l'étroitesse d'esprit est-elle appelée à faire la place à de plus larges vues, à une plus grande communion. Dans le monde à venir, science, philosophie et religion ne feront plus qu'un, sous le nom de Connaissance. L'hindouisme en tant que religion particulière dans ses vêtements actuels risque aussi d'être balayé, et la parole de Sri Ramakrishna se réalisera : tous ces vêtements des religions particulières disparaîtront et il ne restera plus que le sanatana dharma, ainsi que celle de Swami Vivekananda, selon laquelle 'un véritable hindou est un véritable chrétien et un véritable chrétien st un véritable hindou', car il n'y a aucune différence en essence. La seule religion universelle est le Vedanta. Ainsi en était-il jadis et ainsi en sera-t-il demain. L'hindouisme véritable, c'est le dharma. Révélons le Parti du Dharma. Ces luttes intra-communautaires ou les guerres inter-communautaires actuelles sont les convulsions d'un monde qui s'éteint, les convulsions des esprits bornés. Ce qui ne veut pas changer mourra, car il est bien connu que ne pas avancer c'est reculer. A Maurice, éclairez les jeunes sur l'hindouisme et vous leur révèlerez le Vedanta, éclairez les chrétiens sur les paroles du Christ et vous leur révèlerez le Vedanta, et alors disparaîtront les chapelles et les querelles de chapelles et Shanti aura alors des chances de règner. Certes il faudra du temps, mais le temps n'est pas notre affaire. Je n'ai pas de famille, pas de pays, ma famille est l'univers, mon pays est l'univers, et tout en étant poussière de cet univers, Je suis l'Univers. Peu importe les réactions égotiques de personnes frustrées, soyons comme l'écureuil du Ramayana, faisons notre dharma et ne pensons pas au résulat qui n'appartient qu'à Dieu. Soyons comme ces oiseaux qui, becquée par becquée, cherchent à vider l'océan pour retrouver leurs oeufs submergés. Peu importe comment les gens vous perçoivent, ils ne perçoivent qu'un individu extérieur sans importance, en tant qu'ego nous ne comptons pas et peu importe donc comment cet ego est perçu. Prenons part au grand Jeu Universel. A côté d'esprits bornés, qui comme tous sont sur le chemin, il y a plein d'êtres merveilleux à Maurice, qui ne font aucun bruit mais qui apportent autour d'eux la lumière dont ce pays et le monde ont tant besoin. Ils ne font pas de bruit car ce sont aussi des écureuils, d'autres oiseaux. Et croyez-moi, beaucoup d'écureuils silencieux, çà fait beaucoup de petites pierres dans la construction du pont qui va de Bharat à Lanka pour écraser Ravana. Vous savez, la sagesse des nations est pleine de proverbes à ce sujet : 'La bave du crapaud n'atteint pas la blanche colombe' ou 'les chiens aboient, la caravane passe.' Ce stupide Krishna ne fait rien du tout, seul Yogi Ramsuratkumar agit, nous ne sommes que des instruments entre les mains des sages.

Pour résumer, ne disons pas "Hindu dharma ki jai !", mais "Sanatana Dharma ki jai !" car des planètes au moindre brin d'herbe ou au plus petit caillou, nous sommes tous les sujets du Dharma, qui est unique. Nous sommes tous les enfants du même Non-Deux, et seul le mental humain procède à des divisions sans limites. "Être ou ne pas être, telle est la question", disait le 'sanataniste' Shakespeare. "Du non-être, conduis-nous à l'Être", ce mantra est au coeur de tous. Et le mantra que j'avais reçu dans ma jeunesse est : "Om ! l'Amour seul nous conduit !". Ce n'est que par l'Amour et le don de soi que nous pouvons aller du non-être à l'Être, "de l'obscurité à la Lumière". Et sachons qu'il n'est pas une moindre feuille qui ne tombe sans la Volonté de Cela qui est Tout. Chacun est à sa place dans le grand dessein divin et chacun a la même Loi au plus profond de lui. Nous apprenons bien souvent plus de ceux qui nous critiquent, car au moins si nous les écoutons il nous est alors possible de remettre en cause notre petit 'je' sans importance aucune. Qu'ils soient donc bénis ! Bénis jusqu'au point de remettre aussi en cause leur petit 'je' à eux.

 


YOGI RAMSURATKUMAR
YOGI RAMSURATKUMAR
YOGI RAMSURATKUMAR
JAYA GURU RAYA !